Tunisie : Le tourisme remonte la pente mais reste exposé à l’incertitude politique

Par Moncef Mahroug

Si le coût du terrorisme pour le secteur est difficile à mesurer, l’impact de la crise politique que vit le pays depuis plusieurs semaines ne fait pas lui aussi l’ombre d’un doute. «Le reste de la saison pourrait pâtir de la crise politique. Si les politiques ne trouvent pas de solutions, nous pourrons perdre beaucoup», prévient M. Ben Gamra.

Après avoir été reçu par le chef du gouvernement Ali Laarayedh, le ministre du Tourisme, Jamel Ben Gamra s’est présenté jeudi 5 septembre 2013 à la presse avec un sentiment de satisfaction mêlé de crainte. La satisfaction provenant des résultats relativement bons du tourisme jusqu’à fin août, et crainte que la crise politique actuelle ne perdure davantage et n’impacte alors inévitablement le secteur.

A fin août, «deux chiffres symboliques ont été franchis», s’est félicité le ministre. D’abord, la barre des quatre millions de touristes –on en a accueilli 4,2 millions- et celle des recettes qui ont atteint 2,080 milliards de dinars.

Ces chiffres recouvrent des réalités différentes d’un marché à un autre. Le marché de l’Union européenne (-3,7%) et la France en particulier (-22% par rapport à 2012 et -45% par rapport à 2010, l’année de référence) sont encore loin de leurs résultats passés. «Les Français ont été moins nombreux à partir en vacances (-8%), mais le recul est plus forte chez nous», observe le ministre du Tourisme.

Par contre, au sein de cet espace, les marchés allemand (+5% par rapport à 2012 et +7% par rapport à 2010) et surtout britannique (+29% et +23%) sont en train de remonter la pente.

L’Europe orientale et centrale, en particulier la Russie, se comporte plutôt bien (+8%). Plus proche de nous, les marchés algérien (+7%) et plus particulièrement libyen (+20%) se comportent bien.

Des chiffres qui encouragent le ministre du Tourisme et ses équipes à «continuer à travailler à la réalisation des objectifs». Et pour le reste de l’année, l’objectif primordial est de booster le tourisme saharien, de santé et sportif sur lesquels les efforts vont être concentrés en matière de marketing.

A cet effet, la célébration cette année de la Journée mondiale du tourisme, le 27 septembre, sera dédiée au tourisme saharien. Tout comme le JATA World Tourism Congress and Travel Fair (12-15 septembre 2013, Tokyo) –auquel prendront part «plus de 150 pays», souligne Jamel Ben Gamra- sera mis à profit pour promouvoir ce produit.

La crainte du ministre du Tourisme concerne le reste de la saison et la manière dont elle pourrait être impactée par les questions de sécurité et la situation politique.

Le coût du terrorisme pour le secteur est difficile à mesurer, observe le ministre. Qui révèle qu’«on a enregistré après l’assassinat de Mohamed Brahmi un arrêt des réservations mais pas d’annulations. Mais les réservations ont repris dix jours après et elles se présentent bien pour septembre et octobre».

L’impact de la crise politique que vit le pays depuis plusieurs semaines ne fait pas lui aussi l’ombre d’un doute. «Le reste de la saison pourrait pâtir de la crise politique. Si les politiques ne trouvent pas de solutions, nous pourrons perdre beaucoup», prévient M. Ben Gamra. A bon entendeur salut.

 

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