Caen veut en finir avec le yoyo

Touwensa (Agences) Mokhtar TRIKI

Trop habitué à faire l'ascenseur (*), le Stade Malherbe Caen, parce qu'il a bien cru devoir prolonger son séjour en Ligue 2, avant d'arracher de haute lutte un retour dans l'élite quasi salvateur, assure avoir retenu les leçons du passé. Et entend pour cela se recentrer sur une identité régionale, incarnée par Xavier Gravelaine de retour au club, en remettant la formation au centre de ses priorités. Même si son recrutement ne manque pas d'intérêt.   

LA SAISON PASSÉE
 

"Le Stade Malherbe était placé parmi les favoris par les journalistes et par le monde du football." A l'heure de se retourner sur le parcours de Caen pour la chaîne TV du club, Xavier Gravelaine, en tant qu'ex-consultant sur Eurosport, se pose là. Et le nouveau manager général de Malherbe est, comme tout un club, passé par tous les états devant la trajectoire pour le moins contrariée de son ancienne équipe, dont le bon début de saison va être plombé par un « trou d'air » pas loin d'être fatal à une équipe tombée à la 8e place à la trêve. Au point de laisser craindre le pire pour un club qui avait alors fait de sa remontée dans l'élite quasiment une question de survie au regard de ses finances annoncées pour le moins précaires ; c'était sans compter sur "la prise de conscience des joueurs, qui étaient peut-être partis avec une charge trop lourde : il fallait absolument remonter", se souvient Gravelaine. Au final, "le « trou » a été bénéfique, la Coupe de France a aidé (élimination aux tirs au but à Lille en 8e de finale, ndlr) et puis ils sont partis sur une logique de victoire." Un groupe capable de "repartir et rebondir pour faire les trois derniers mois canon qu'on a connus" dans un "championnat terriblement relevé... L'an dernier, il fallait être très costaud pour monter, et Malherbe a été très costaud." Avec notamment la meilleure phase retour, à égalité avec Lens, pour finir sur la troisième marche du podium derrière Metz et Lens.   
 

LE RECRUTEMENT
 

Caen a beau vouloir remettre la formation au centre de ses priorités, cela n'aura pas empêché Malherbe d'effectuer un recrutement jugé par de nombreux observateurs comme judicieux parce qu'à la fois très bien ciblé, à moindre frais, tout en permettant d'offrir à l'effectif de Patrice Garande ce surplus d'expérience en Ligue 1 indispensable à l'heure où un promu retrouve l'élite. Aux côtés des Julien Féret (Rennes), Florian Raspentino (OM) et autre Sloan Privat (La Gantoise), l'ex-Lyonnais Rémy Vercoutre porte ce souci de venir encadrer un groupe qui a prouvé qu'il ne manquait pas de ressources, ni de talents à l'étage inférieur, à l'image du meilleur buteur de Ligue 2, Mathieu Duhamel (24 buts), orphelin toutefois du meilleur passeur, Fayçal Fajr (15 passes décisives), vendu au club espagnol d'Elche (Liga). Avec 99 matches de L1 et 18 de Coupe d'Europe, Vercoutre, mieux qu'une doublure pour Damien Perquis, entend "faire partager son expérience et aider à stabiliser le club au plus haut niveau." Reste qu'avec un effectif remanié à près de 50 %, comme le sait trop bien l'entraîneur Patrice Garande, "il faut que la mayonnaise prenne tout de suite."
 

L'ENTRAÎNEUR
 

Après avoir longtemps joué les prête-noms dans l'ombre de Franck Dumas, Patrice Garande a dû apprendre à exercer sa fonction d'entraîneur en pleine lumière. Une première saison pour essuyer les plâtres, avant de subir l'an dernier la pression d'un objectif affiché et devenu presque écrasant tant il conditionnait l'avenir du club. Le retour raté de Jérôme Rothen avec lequel les relations, très vite orageuses, aurait pu contribuer à saper son autorité auprès du groupe, mais Garande a tenu bon et eu l'intelligence de se remettre en cause, comme ne manque pas de le relever Xavier Gravelaine lorsqu'il évoque "la force mentale du groupe et de Patrice, qui a un petit peu évolué dans son mode de fonctionnement avec les joueurs." Et si c'était lui l'homme de la remontée ?
 

L'OBJECTIF
 

"La première année, notre objectif c'est le maintien." Sans surprise, Caen, par la voix de son coach, interrogé sur le site liberté.fr, vise l'essentiel, sans prétendre jouer un rôle qu'il n'a pas les moyens d'assumer. "Il faut pérenniser le club en élite. On a donc essayé de bâtir le meilleur groupe possible pour se maintenir. Après ça peut être la 17e place, mais aussi la 15e ou la 13e. On a vu l'an dernier les aléas d'une saison, mais on y est arrivé. On sait que ce sera une saison compliquée et difficile, mais on va s'attacher à ce que ce soit difficile aussi pour nos adversaires. On va rester sur nos valeurs, nos principes de jeu et continuer ce qu'on sait faire."
 

L'AVIS DE LA RÉDACTION
 

A de trop nombreuses reprises, le Stade Malherbe a pêché par excès de confiance, entretenu dans son illusion par un passé européen, pourtant pour le moins éphémère - élimination au premier tour de la Coupe de l'UEFA lors de la saison 1992-1993 - et un public incapable de dépasser le souvenir de cette époque faste, incarnée par un joueur : Xavier Gravelaine. Entraîneur, manager ou consultant : d'Istres à Nantes, en passant par Guingamp, l'ancien attaquant international est pour l'instant loin d'avoir confirmé le talent qui fit de lui l'idole de Malherbe. Ce retour dans son club de cœur en tant que manager général, venu doubler le Directeur sportif en place Alain Caveglia, Gravelaine en fait à seulement 45 ans, il l'affirme, la mission de sa carrière : "Il n'y aura que Malherbe et après, j'arrêterai..." Pas sûr que le choix de le rappeler au chevet du club, et de rajouter un salaire supplémentaire à l'organigramme, constitue la plus judicieuse inspiration du président Fortin, qui pourtant avait prévenu : "Je me refuse à partir sur des investissements qui pourraient provoquer des déficits en fin de saison prochaine."         
 

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