Nice et la France pleurent les victimes de l'attentat du 14 juillet

By Rédaction en ligne octobre 15, 2016 625

Les noms des 86 victimes décédées seront lus et une rose blanche sera déposée pour chacune d’entre elles



L'hommage poignant aux victimes de l'attentat du 14 juillet a débuté samedi à Nice, en présence de François Hollande, de plus d'un millier de victimes et de proches, et de politiques qui ont mis les polémiques de côté en ce jour de recueillement.

L'attentat visait à entamer "l'unité nationale", mais "cette entreprise maléfique échouera", a déclaré samedi le président français lors de la cérémonie.

"La visée monstrueuse des terroristes" consiste à "déchaîner la violence pour faire naître la division", a estimé le chef de l'Etat dans un discours sur les hauteurs de la ville.

Mais "cette entreprise maléfique échouera: l'unité, la liberté, l'humanité, au bout du compte prévaudront", a-t-il poursuivi devant des familles de victimes, des représentants de toutes les religions et de tous les partis politiques, y compris l'extrême droite.

Pour lui, l'attaque commise par un Tunisien qui a foncé avec un camion dans la foule réunie pour le feu d'artifice du 14 juillet, visait aussi "l'hospitalité" d'une ville qui attire les touristes français et du monde avec sa "douceur de vivre".

Les 86 victimes étaient de 19 nationalités, n'avaient pas la même origine, religion, couleur de peau, a souligné le président. Mais elles avaient "une chose en commun, qui ne doit pas s'éteindre: ces hommes, femmes, enfants, voulaient vivre libres", a-t-il estimé.

Contrairement aux attentats de janvier et novembre 2015 à Paris (147 morts), celui du 14 juillet a frappé des familles entières. Quinze des victimes étaient mineures, "dans certaines familles, trois générations ont été emportées", a encore souligné le chef de l'Etat.

François Hollande, qui n'a pas encore dit s'il briguerait un second mandat en 2017, est arrivé à Nice fragilisé par la publication d'un livre de confidences, qui ont notamment semé l'émoi dans le milieu judiciaire accusé de "lâcheté".

Dans son discours, il a glissé un mot pour tenter de réparer les dégâts. Remerciant l'ensemble des professionnels qui ont agi le soir du drame, il a salué les "magistrats qui se sont rendus immédiatement sur les scènes de crime pour identifier les corps et commencer le travail d'enquête". "Il leur revient aujourd'hui en toute indépendance d'établir la vérité" sur le drame, a-t-il ajouté.

"Nice et la France entière pleurent 86 victimes. Notre tristesse est indéfinissable", a déclaré Cindy Pellegrini, une proche de victimes, qui a lu un texte en mémoire aux morts et aux blessés.

"Nous espérons au plus profond de notre coeur que désormais, chaque 14 juillet, chacun d'entre vous admirera le ciel en pensant que chaque étoile est une vie brisée à jamais", a-t-elle déclamé, d'une voix teintée d'émotion.

Honneurs militaires sur la Colline du château, Marseillaise, Méditerranée en arrière plan : la cérémonie avait débuté quelques minutes plus tôt avec l'arrivée du chef de l'Etat sous un soleil d'automne.

Deux cent familles endeuillées, plus 1.000 victimes et personnes choquées ainsi que des délégations étrangères, ont également été invitées.
La cérémonie s'est poursuivie avec la lecture du nom et de l'âge du décès de chacune des 86 victimes, dont 15 enfants et adolescents et près d'un tiers de personnes musulmanes, et le dépôt d'autant de roses blanches sur une fontaine éphémère, au centre d'un rectangle de gravier blanc.
Familles endeuillées

Quatre jours après l'attentat, le plus important qu'ait connu la France depuis ceux de janvier (17 morts) et novembre 2015 (130 morts) à Paris et Saint-Denis, le Premier ministre Manuel Valls y avait été hué lors d'une minute de silence.

Durant l'été, une violente polémique avait suivi l'attentat, notamment autour du dispositif de sécurité mis en place le 14 juillet dans la ville. La droite avait accusé le gouvernement de laxisme dans la lutte antiterroriste et l'extrême droite, très enracinée à Nice et sa région, avait appelé à la démission du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

La cérémonie se tient alors que du côté judiciaire, l'enquête sur l'attentat se poursuit. Elle a établi que son auteur, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, un Tunisien installé à Nice depuis plus de dix ans, avait loué un lourd camion et repéré les lieux les jours précédents. A ce stade, les investigations n'ont pas établi ses liens directs avec le groupe Etat islamique qui a revendiqué l'attentat.
A Nice, le parquet est également saisi d'une dizaine de plaintes pour mise en danger délibérée de la vie d'autrui visant l'Etat mais aussi la mairie, accusés d'avoir mal protégé le site, où 30.000 personnes s'étaient rassemblées pour le feu d'artifice ou sous-évalué le danger.

Outre les Français, 19 nationalités ont été frappées. La Côte d'Azur reçoit 11 millions de touristes chaque année, la moitié de l'étranger. Pénalisés économiquement par l'attentat, les hôteliers et taxis de Nice ont offert la gratuité aux victimes venues pour l'hommage.

Quinze blessés sont toujours hospitalisés en France et à l'étranger.

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