Nouveau naufrage: la Méditerranée se transforme en cimetière

Touwensa (Agences). Mokhtar TRIKI

La Méditerranée s'est à nouveau transformée en cimetière après un naufrage au sud de Malte qui a coûté la vie vendredi à des dizaines de migrants, en majorité syriens, huit jours après la mort près de Lampedusa de 359 personnes fuyant la Corne de l'Afrique.

Dans ce bateau, qui a chaviré vendredi après-midi, se trouvaient entre 230 et 250 réfugiés dont la destination finale était la petite île italienne de Lampedusa, selon la marine maltaise.

"Le dernier bilan fait état de 31 corps repêchés", a affirmé à l'AFP un porte-parole du gouvernement maltais. La Marine italienne évoque de son côté le chiffre de 34 corps récupérés.

Le Premier ministre maltais, Joseph Muscat, a, pour sa part déploré devant les journalistes vendredi soir que la "Méditerranée soit en train de devenir un cimetière".

Les secours sont parvenus toutefois à sauver près de 200 personnes.

"Les opérations de recherches, qui mobilisent un navire des forces armées maltaises ainsi qu'un avion qui survole la zone du naufrage, se poursuivaient samedi après-midi", a précisé à un correspondant de l'AFP un porte-parole du ministère maltais de l'Intérieur.

Le corps d'un enfant de trois ans a ainsi été découvert en début d'après-midi, a-t-il précisé. "Il est peu probable de retrouver quelqu'un vivant à cette heure, aussi nous concentrons nos efforts sur la recherche de corps", a-t-il ajouté.

Parmi les 146 survivants interrogés par la police maltaise à leur arrivée, 117 se sont dits Syriens, 27 ont indiqué qu'ils venaient de Palestine, un du Liban et un autre de Tunisie, a ajouté le porte-parole.

La ministre maltaise de la Famille, Marie Louise Coleiro Preca, s'est rendue sur place afin d'évaluer leurs besoins.

Ainsi, une famille dont les enfants se trouvent parmi les 56 survivants secourus par un navire de la marine militaire italienne en route vers Porto Empedocle (Sicile), et leurs parents à Malte, devrait être bientôt réunie, a précisé le porte-parole.

Interrogé par le journal Times of Malta, le capitaine du bateau ayant repêché les réfugiés a confié qu'il faisait ce "travail depuis environ 10 ans et que cette opération (avait été) la plus difficile de sa carrière", "plus dramatique que toutes celles du même type" auxquelles il avait participé.

"Il y avait des centaines de personnes à la mer, certaines flottant sans vie", a raconté le major Russel Caruana à sa descente à terre.

Il a ajouté que trois réfugiés, dont une mère et son enfant, qu'un médecin italien avait déclaré trop faibles pour effectuer les dix heures de voyage en mer jusqu'à La Valette, avaient été héliportés vers Lampedusa.

L'accident s'est produit au centre d'un triangle entre Malte, la Libye et Lampedusa, à 60 milles (environ 110 km) des côtes maltaises.

Selon la marine maltaise, le bateau a été déstabilisé et s'est renversé lorsque les immigrants se sont agités pour attirer l'attention d'un avion militaire qui le survolait, se déplaçant tous ensemble sur un côté.

Des navires de secours et des hélicoptères ont été rapidement dépêchés sur place, et plusieurs navires commerciaux ont été déroutés sur les lieux de l'accident, tandis que les autorités italiennes envoyaient deux navires militaires et des hélicoptères qui ont pu lancer des chaloupes de sauvetage gonflables.

"Il nous faut combattre les marchands de mort, a déclaré Angelino Alfano, le ministre de l'Intérieur italien, car si nous n'agissons pas contre eux, nous ne pourrons freiner cet exode de migrants".

Le haut commissaire de l'Onu pour les réfugiés, Antonio Guterres, a affirmé dans un communiqué qu'il était "choqué" de voir que "des Syriens, après avoir échappé aux bombes et aux balles, puissent périr en mer alors qu'ils auraient pu demander asile" en Europe.

Ce drame survient après le naufrage, le 3 octobre, d'un bateau de pêche au large de Lampedusa. Seuls 155 des quelque 500 migrants à bord, en majorité érythréens, ont survécu. Samedi, vingt nouveaux corps ont été remontés à la surface, portant le bilan à 359 morts et faisant de ce naufrage la pire tragédie de l'immigration en Italie depuis plus de 10 ans.

Selon les ONG, près de 20.000 migrants et réfugiés ont péri en tentant de traverser la Méditerranée ces 20 dernières années.
 

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