Avant-première « Bastardo » de Néjib Belkadhi

Est- ce ainsi que les hommes vivent ?

Une projection de presse et en avant-première de « Bastardo », premier long-métrage de fiction de Néjib Belkadhi a été organisée le 3 décembre à la salle de « L’Alhambra », à la Marsa. Dans une ambiance décontractée et amicale, le cinéaste Férid Boughedir s’est chargé de la présentation du film en appelant les acteurs présents et le réalisateur à monter sur scène, sous les applaudissements d’un public assez nombreux.

Le réalisateur Néjib Belkadhi n’a pas prononcé un mot, laissant au public des invités le soin de découvrir cette œuvre qui sort en fait de l’ordinaire. Car on peut lire ce film à plusieurs niveaux selon ses appréciations et ses goûts. Le film nous surprend et pourrait dégoûter, à la limite, les âmes sensibles. Mais peut-on ne pas accepter les réalités socio -politiques de la Tunisie d’aujourd’hui ? Quand elles sont narrées fidèlement et avec exagération, s’il le faut. Sur un rythme quelque peu lent mais qui nous fait entrer dans le film et nous y accrocher, une étrange histoire est racontée. Celle de l’ascension fulgurante d’un enfant bâtard qui va pourtant réussir sa vie, contre vents et marées. Ses relations deviendront conflictuelles avec les gens de son quartier, qui sont en même temps ses amis et non moins bandits, salopards et filles de joie.

« Bastardo » ne fait pas dans le déjà vu. Il nous fait entrer dans l’univers sale et méchant des habitants d’un quartier populaire pauvre. Mais ce qui choque dans cet opus, c’est la rencontre collective et en même temps de tous ces personnages qui frôlent le surréel. Une rencontre impossible, dirait-on. Et de surréalisme, il en existe quand les morts se rencontrent dans l’au-delà. Nous voyons leurs fantômes réunis sur un toit. Il s’agit de ceux de Mohsen, le personnage principal et de Khlifa, le chauffeur de taxi, son associé dans l’installation d’un réseau GSM sur le toit de la maison de Mohsen, objet de toutes les convoitises des habitants du quartier. Ces derniers ont vu leur vie changer en bien, pourtant. Mais quand l’ingratitude est bien ancrée, on n’y peut rien !
Le réalisateur s’est-il bien « amusé » à montrer tous ces personnages, dont la plupart incarneraient la vie ? « Bent Essengra » est le personnage le plus étrange dans ce film dans la mesure où cette jeune fille que joue la chanteuse Lobna Nôomane, attire tous les insectes autour d’elle. Son univers est insalubre et elle se plaint quand tout est propre autour d’elle ! La femme « Nimmela » (Fourmi) est à la fois amoureuse et tueuse ! Néjib Belkadhi s’en est allé très loin dans son imaginaire philosophique et surréaliste pour nous dire autrement les choses. Il s’agirait de capitalisme et de société de consommation dans tout cela ! Un film qu’on pourrait aimer ou pas. Il sortira à partir du 8 décembre dans les salles : L’Alhambra », à la Marsa, « Ciné-Mad’Art » à Carthage Dermech et à El Manar.

 

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